Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part chaque fois que je fais quelque chose de nouveau et d’un peu difficile, je suis envahi par des pensées négatives sur le thème : « n’essaie même pas, tu n’y arriveras pas, tu n’en es pas capable ». C’est très désagréable et cela ne m’aide pas à me mettre en action …
Pendant très longtemps j’ai regardé ces pensées comme « négatives », comme étant des pensées pathologiques issues de mon éducation et des expériences douloureuses de ma vie. Du coup cela rajoutait une couche de regard négatif sur moi : j’ai vraiment un problème puisque je subis toutes ces pensées négatives. C’est sûrement parce que j’ai été malheureux dans mon enfance, que je suis mal dans ma peau, que je devrais me faire soigner, etc, etc, etc.
En plus, j’imaginais que vous, les gens bien dans leur peau, vous n’aviez pas ce genre de pensées. Bon, parfois, quand vous vous sentez suffisamment en confiance avec moi et que vous me dites que vous aussi vous avez votre dose de messages intérieurs négatifs, je me sens moins seul, mais cela ne résout pas mon problème.
Aujourd’hui je vois ces pensées différemment : c’est une part de moi qui veut me protéger, qui veut m’éviter les difficultés et la souffrance liées à l’échec. C’est sûr que la meilleure façon de ne pas échouer c’est de ne pas essayer quelque chose de nouveau. En réalité, ça part d’une bonne intention ce mouvement, c’est très bienveillant.
Pour moi, cela change tout : je n’ai pas à faire à une partie malveillante et/ou malade de moi, c’est au contraire une partie tout à fait saine et bienveillante, qui veut m’éviter de souffrir. Cela me permet de l’accueillir paisiblement, d’entendre ce qu’elle me dit, de corriger certaines choses si nécessaires, de mieux me préparer si besoin, puis de lui parler tranquillement.
Par exemple, si c’est la peur de me lancer dans une nouvelle activité, une nouvelle relation ou un projet un peu fou qui se manifeste, je peux lui dire : « je te remercie de ton souci pour moi, de ton envie de me protéger, et en même temps j’ai vraiment envie de le faire, car cela répond à un besoin important pour moi et je pense que cela me rendra heureux au moins d’essayer. D’ailleurs, tu vois que j’ai pris toutes les précautions et fait ce qu’il faut pour mettre toutes les chances de mon côté. Je vais donc y aller et je sais que tu seras là pour me prévenir s’il arrive un danger que je n’avais pas prévu. »
C’est pareil pour les pensées d’insatisfaction sur moi et mes actions : c’est la part de moi qui as très envie d’être aimée et qui pense que je ne le serai que si je suis parfait. Du coup elle est très inquiète quand elle a l’impression que je ne me comporte pas comme le garçon parfait dont elle rêve et elle m’envoie plein de reproches et autres messages désagréables en pensant que cela va me stimuler pour faire mieux et m’approcher de la perfection qu’elle recherche. C’est très gentil, très protecteur et cela part d’un très bon sentiment : vouloir que je sois aimé. Bon, c’est sûr que ça ne m’aide pas à m’aimer moi-même, mais ça elle ne s’en rend pas compte, trop obnubilée par la peur que les autres ne m’aiment pas …
Je ne sais toujours pas pour vous, mais pour moi cela me fait beaucoup de bien de ne plus me sentir en lutte avec moi-même, de savoir que mes différentes parts intérieures veulent toutes mon bien, même si elles se trompent parfois sur la manière d’y parvenir.
Et bien sûr la part de moi qui a peur que vous n’aimiez pas mon texte me dit que je ferais mieux de ne pas le publier. Comme vous pouvez le voir, je l’ai gentiment remercié et je ne l’ai pas écouté.